Gruau, fête ses 130 ans.

Gruau, le multi-spécialiste français de l’aménagement de véhicules, fête ses 130 ans. En 7 générations, il va passer de la fabrication artisanale de charrettes à l’aménagement de robots-facteurs ou d’ambulances connectées.A l’occasion des 130 ans de l’entreprise Gruau, ses clients, partenaires et les élus locaux ont été conviés à découvrir son site principal de Saint-Berthevin, près de Laval, et un large panel de véhicules transformés par ses soins : ambulances, camions de pompiers et voitures de police, véhicules funéraires, et bien sûr quelques fourgons aménagés et camions à benne. 
Ce fut aussi l’occasion d’inaugurer « L’aventure Gruau », un musée interactif retraçant l’histoire de l’entreprise mais aussi expliquant sa philosophie et sa vision de l’avenir. En 1889, alors que la Tour Eiffel sortait de terre, René Le Godais, arrière-arrière grand-père de Patrick Gruau, l’actuel président, installait ses ateliers de fabrication de charrettes à Laval avec déjà ses 5 enfants dans l’entreprise. Vendredi dernier, c’est la 7e génération, les petits-enfants de Patrick Gruau, qui coupait le cordon d’inauguration de ce nouvel espace.
Patrick Gruau a dû prendre les rênes de l’entreprise alors qu’il n’avait pas encore 30 ans, en raison du décès prématuré de son père René. Il a aujourd’hui 63 ans, est en pleine forme, mais a assuré ses arrières : son fils Guillaume, 34 ans, responsable du département transport de personnes, a déjà 9 ans d’expérience dans l’entreprise détenue à 90% par la famille Gruau.


15 marques pour une présence croissante à l’international
Le groupe Gruau aujourd’hui, c’est 15 marques, issues de nombreux rachats de carrosserie spécialisées, qui en font aujourd’hui un « multi-spécialiste » de la transformation des véhicules particuliers et utilitaires ; c’est  21 sites dans le monde, dont 13 en France qui aménagent chaque année 54 000 véhicules ; c’est 1 613 salariés pour un chiffre d’affaires de 290 millions d’euros qui a doublé en 10 ans. 
Leader dans son secteur, Gruau reste néanmoins dépendant à 80% du marché français malgré une présence au moins commerciale en Allemagne, en Italie, en Espagne, en Pologne, en Algérie, aux Etats-Unis et en Chine. « Dans le cadre de notre projet d’entreprise 2022, nous visons une hausse de 30% de notre chiffre d’affaires, à environ 400 millions d’euros, dont 40% réalisé hors de France », explique Patrick Gruau, le président du groupe. « Toutefois, poursuit-il, les coûts logistiques élevés rendent difficiles les exportations. Et chaque pays a ses spécificités : vous ne vendrez pas un véhicule funéraire basé sur un utilitaire au Royaume-Uni alors que c’est la majorité du marché en France (qui s’élève à 400 véhicules/an, alimenté pour l’essentiel par Gruau, NDLR). De même, les bennes en Italie et en Allemagne doivent pouvoir se déverser sur le côté, alors que le marché en France pour ces tri-bennes est d’à peine 250 unités par an ». C’est en rachetant des entreprises étrangères, comme en 2017 la société italienne Onnicar, spécialiste de la tri-benne en aluminium, que Gruau peut étendre son offre à l’étranger. Ou en créant des co-entreprises, comme il l’a fait en Allemagne, avec Sortimo, leader européen des aménagements métalliques pour véhicules utilitaires (réalisant 400 millions d’euros de chiffre d’affaires). « En Chine, nous avons pour l’instant un accord avec BSV, une filiale de Brilliance, qui leur permet de réaliser des ambulances et des véhicules isothermes sous licence Gruau, rappelle Patrick Gruau. Nous continuons à étudier la possibilité d’une co-entreprise avec eux mais sans nous précipiter ».



Abandon de l’électrique mais pas de l’innovation
Gruau est capable aujourd’hui de tout faire en petites séries pour les professionnels (pas de camping-car) et jusqu’à 3,5 t (pas de poids-lourds, ni de semi-remorques). Cela va du très standardisé – comme les 4 500 camionnettes 20 m3 que réalise sa filiale Labbé à Lamballe (29) pour les loueurs courte durée – à des aménagements sur-mesure, pour créer, par exemple, à la demande d’une grande enseigne d’optique, une centaine de cabinets mobiles pour contrôler la vision et l’audition des personnes âgés. 
En revanche, Gruau a abandonné la fabrication de véhicules électriques, comme son minibus Electron. « Nous étions plutôt en avance sur ce marché avec un produit remarquable mais avec un TCO trop élevé. La technologie des batteries évolue vite et les coûts de développements sont trop élevés pour que nous investissions encore dans ce domaine. Cela ne nous empêche pas d’aménager les véhicules électriques de nos clients constructeurs »
De même, Gruau n’a pas l’intention d’investir dans le véhicule autonome mais il a en revanche réalisé l’aménagement d’un robot autonome, développé par une start-up partenaire, qui porte les colis et suit le facteur à pied, projet réalisé dans le cadre d’un appel d’offres de la Poste.
Gruau va chercher la technologie chez des spécialistes, comme Thalès, et l’intègre au mieux dans le véhicule ou à l’extérieur d’ailleurs, comme avec ce module de toit encore à l’état de prototype que Gruau veut proposer à la Police. Il réunit une caméra qui lit les plaques, une caméra 360° et un drône, et est facilement démontable pour pouvoir passer d’un véhicule de patrouille à un autre. 
Gruau a aussi développé une ambulance connectée qui indique automatiquement à l’hôpital les produits de soins qu’il faudra réapprovisionner. Et demain, ces ambulances pourront aussi agir sur les feux rouges, prédit-on chez Gruau.


Xavier Champagne

http://www.autoactu.com/gruau–de-la-charrette-a-l-ambulance-connectee.shtml

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